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La Réathlétisation
La réathlétisation est une phase située entre la fin de la rééducation et la reprise de la compétition. Lors de cette période, le sportif qui a été blessé est pris en charge individuellement, à part du reste du groupe (en ce qui concerne les sports collectifs), par le préparateur physique, sous la direction de l’entraîneur et du staff médical. Dans le cas d'une rupture du ligament croisé antérieur il y a une diminution de la stabilité du genou ce qui a pour conséquence un risque de dérobements à répétition : l’instabilité récidivante.
« la Réathlétisation sera tout d’abord le trait d’union entre le sportif et le médical, pour devenir ensuite de plus en plus celui qui relie le sportif et son activité sportive de prédilection. Ces deux traits d’union peuvent coexister ». (1)
Pourquoi la réathlétisation est indispensable ?
Une phase de réathlétisation se justifie pour compenser les effets néfastes physiologiques et psychologiques dus au désentrainement subi à cause de la blessure.
Pour revenir à son meilleur niveau de forme physique, il est donc nécessaire que le sportif subisse une étape de réathlétisation pour plusieurs raisons :
- éviter les récidives (effet prophylactique),
- améliorer le contrôle proprioceptif,
- pallier aux déficits de force des membres inférieurs (surtout pour la jambe lésée),
- empêcher de produire des compensations dues à des modifications posturales (motricité),
- reprendre confiance en soi,
- retrouver les gestes techniques essentiels à la pratique du sport pratiqué (exemple du football - conduite de balle, changement d’appui, dribble, feinte, tir, saut),
- réadapter son corps aux contraintes inhérentes à l'activité (efforts intermittents, décélération, changement brutal de direction, contact, saut),
- reprendre goût à sa pratique sans se sentir trop exclu du groupe, si il s'agit d'un sport collectif (aspect psychologique).
Une collaboration essentielle pour une bonne prise en charge !
Durant l’ensemble de la réathlétisation, le travail effectué avec un sportif est le fruit d’une collaboration de tous les instants avec son kinésithérapeute afin d’avancer selon les possibilités du moment.
Le travail effectué est donc différent d’un sportif à l’autre. Il est modulable selon l’état d’avancement de la réathlétisation et par conséquent, individuel.
Tout au long de la rééducation le lien entre kinésithérapeute, chirurgien, médecin et préparateur physique est présent. C’est de cette communication que proviennent l’évolution progressive et le retour vers les terrains.
Cela permet d’avoir un retour sur l’évolution du joueur tout au long de sa période de rééducation.
Dans sa définition,(2) le masseur kinésithérapeute a pour but de prévenir l’altération des capacités fonctionnelles, de concourir à leur maintien et, lorsqu’elles sont altérées, de les rétablir. De plus ses compétences et connaissances lui confèrent une démarche de diagnostic permettant de cibler précisément les structures atteintes ainsi que de mettre en place un programme de rééducation adapté au diagnostic posé.
Il faut savoir qu’il existe une différence notoire entre la rééducation en cabinet recherchant une articulation fonctionnelle, indolore et stable dans une activité socio-professionnelle courante avec la rééducation du sportif qui vise, elle, le retour à la compétition avec des contraintes articulaires et physiologiques bien supérieures. On ne parle alors plus simplement de rééducation fonctionnelle mais de réadaptation sportive.
Que se passe-t-il d'un point de vue physiologique ?
Arrêté pendant plusieurs mois, le corps subit une désadaptation complète à l’effort. Il est dès lors inconcevable de reprendre normalement l’entraînement dès la fin de la rééducation. Les capacités physiques sont très amoindries à cause de la période de convalescence.
D’après la littérature, il est nécessaire d’envisager un travail spécifique de reconditionnement dès 10 jours sans activité physique. La désadaptation est complète à partir de 3 mois.
C’est une perte des facultés physiologiques et métaboliques induites par l’entraînement dont la cause est l’arrêt prolongé d’activité sportive. Les conséquences sont des diminutions brutales des facultés cardio- vasculaires, musculaires et respiratoires.
Le sportif voit ses capacités cardiaques diminuer de plus de 17% (volume d’éjection systolique), une diminution de 8% du débit sanguin ainsi qu’une tachycardie de 10%. Le volume ventilatoire maximal du convalescent baisse de 11%. Ainsi, le VO2max peut diminuer jusqu’à 20% puis se stabilise.
Au niveau métabolique, une longue période d’inactivité physique provoque chez le sportif des diminutions de production d’ATP, des déséquilibres acido-basiques ainsi qu’une régression de 20% du taux de glycogène musculaire. Un déséquilibre s’opère dans le rapport fibres lentes sur les fibres musculaires rapides. Les forces exercées par les membres inférieurs et supérieurs sont très affectées.
Cette phase de réadaptation est souvent sous estimée, voire oubliée, en particulier dans les clubs amateurs où la prise en charge individuelle n’est pas possible. Elle se fait généralement dans ces clubs, avec l’ensemble du groupe avec réintégration aux entraînements collectifs sans préparation adéquate (3). Or, cette phase est une période à risque de récidive car le sportif sans préparation, va soumettre son corps à des contraintes auxquelles il n’est pas préparé. Il peut aussi se produire des compensations dues à des modifications posturales, à des attitudes antalgiques pouvant être à l’origine d’apparition de nouvelles pathologies.
Cette phase s’avère importante d’un point de vue psychologique dans la reprise de confiance en soi, en retrouvant ses repères sur le terrain, les appuis, les gestes techniques, mais également car très souvent, la blessure est perçue comme une exclusion de l’équipe par certains.
En conclusion, il est possible de dire que l’un des éléments essentiels dans la réadaptation sportive et la réathlétisation, peu importe la blessure et la durée d’indisponibilité, est une concertation de tous les instants entre le kinésithérapeute, le médecin, le chirurgien qui suivent le joueur et le préparateur physique, réathlétiseur.
Cette phase de réathlétisation vise à remplir deux objectifs bien distincts, mais indissociables. D’une part, un objectif thérapeutique et préventif avec focalisation sur la pathologie en elle-même, avec correction posturale, proprioceptive, renforcement musculaire ciblé en fonction d’un bilan diagnostic précis. (4)
D’autre part, un objectif de réentraînement en vue du retour sur le terrain. Un réentraînement à l’effort, un travail de réapprentissage du geste sportif, renforcement musculaire global et spécifique au sport pratiqué.
Il faut tenir compte des paramètres en musculation ==> transfert optimal de la force vers le geste sportif.
Il est important de travailler dans une logique de progressivité, avec des sollicitations diverses tenant compte de la sensation du sportif et de la notion de douleur (ressenti du joueur) et d’aller aux possibilités maximales du moment, le travail se faisant avec absence de douleur.
La finalité de la réathlétisation est véritablement prophylactique.
1. "La réathlétisation, les grands principes", CHIRAC Mathieu, 2014.
2. Décret, Ministère du travail et des affaires sociales, 8 octobre 1996 modifié par le décret n°2000-577 du 27 juin 2000.
3. "Traumatismes et football : Réadaptation sur le terrain après blessure", LE GALL Franck, 2005.
4. "La réathlétisation du genou", BERTHOMMIER Mikaël, 2015.
Robin SUZANNE